Axelle Touzeau, from Denguin to USA
Publié le 25/12/2024
C’est les vacances !!! Autour de Noël, pas de foot, mais on ne veut pas vous laisser sans contenu. Alors cette année on propose une petite rubrique appelée « Les Contes de Noël ».
Noël est passé, et on espère que vous avez été ! Retour à nos contes, avec une destination pas banale, celle d’Axelle Touzeau. Une béarnaise qui a atterrit aux Etats-Unis, là ou les films de Noël nous font rêver …
Racontez nous votre parcours …
Mon parcours a commencé à l’âge de cinq ans dans le club de mon grand frère à Denguin. Mes premiers pas sur un terrain de football ont eu lieu parce qu’un joueur manquait pour compléter l’équipe, l’entraîneur a demandé à mon père si je pouvais jouer. Mon père m’a alors enfilé un maillot qui à l’époque me faisait une robe, et m’a ensuite indiqué dans quel sens courir et dans quel but tirer. Ce jour-là, je suis entrée sur le terrain et je n’en suis jamais ressortie.
J’ai ensuite rejoint le club de Poey-de-Lescar, où j’ai passé quatre années inoubliables. Ce club restera à jamais dans mon cœur, car il représente de nombreux souvenirs et émotions. C’est là que j’ai eu la chance d’être entraînée par Patrick Esponde, un coach à qui je n’ai malheureusement jamais pu exprimer toute ma gratitude. Il est vrai que je râlais souvent sur le terrain, mais Patrick a toujours cru en moi et m’a constamment poussée à donner le meilleur de moi-même, même au sein d’une équipe composée uniquement de garçons. Patrick nous a quitté en 2022 son départ m’a beaucoup affecté, je tiens aujourd’hui à le remercier pour tout ce qu’il a fait pour moi. Merci, Patrick, de m’avoir challengée et fait confiance.
Après Poey-de-Lescar, j’ai évolué à l’AS Artix tout en intégrant la Section Sportive du collège. Ces années ont été les plus formatrices de ma carrière footballistique parmi les garçons. J’évoluais dans une équipe très compétitive, où chaque joueur se battait pour sa place, sans faire de cadeaux. Grâce à cet environnement exigeant, j’ai progressé de manière fulgurante sur le plan physique, technique, et dans ma vision du jeu. Ces progrès m’ont permis d’être beaucoup plus à l’aise lorsque je rejoignais les sélections féminines. J’ai ensuite passé une courte année à Monein, où j’ai découvert une équipe soudée et une ambiance familiale. Cette période a été marquée par de beaux souvenirs.
À l’âge de quinze ans, j’ai franchi un cap en rejoignant les Girondins de Bordeaux. Les “Gigis” occupent une place spéciale dans mon cœur. J’y ai passé six années fondamentales, gravissant les échelons des U15 aux U19 Nationaux, avant de toucher mon rêve : intégrer l’équipe première en D1. Mes années en U19 restent gravées dans ma mémoire, avec des matchs incroyables face à des équipes comme l’Olympique Lyonnais ou le PSG. De mes premiers entraînements avec le groupe D1 à mes premiers matchs sous ce maillot, j’ai réalisé mon rêve : devenir joueuse professionnelle dans mon club formateur, les Girondins de Bordeaux. Ces deux années passées en tant que professionnelle au sein d’une équipe aussi prestigieuse, entourée de joueuses de classe internationale venant de grands pays du football, ont été incroyablement enrichissantes et formatrices. Être formée aux Girondins a nécessité de nombreux sacrifices, mais cela en valait la peine. Ce club m’a offert ma première signature professionnelle à seulement 18 ans, une immense fierté. Bien que tout ne se soit pas déroulé comme prévu, Bordeaux a marqué ma vie et y occupera toujours une place particulière.
À Bordeaux, j’ai eu la chance de rencontrer Delphine Châtelain, une femme et joueuse dotée d’un grand coeur et d’une immense envie de gagner. Elle a été une véritable source d’inspiration pour moi, tant sur le plan sportif que personnel. À cette époque, j’étais la plus jeune de l’équipe, et sa présence m’a énormément aidée à grandir et à m’affirmer. Une autre personne qui a marqué mon passage à Bordeaux est Ghoutia Karchouni. Sa passion débordante pour le football et son exigence envers elle-même m’ont profondément inspirée. Ghoutia incarne la résilience, la positivité, et le travail acharné. Elle m’a appris qu’avec de la détermination, on peut surmonter tous les obstacles. C’est un véritable exemple à suivre, non seulement pour moi, mais pour tous ceux qui ont la chance de croiser son chemin
Enfin, j’ai connu une brève expérience à Rodez, où j’ai également beaucoup appris. Avec du recul, j’en retiens le positif et les leçons qui m’ont aidée à grandir, tant sur le plan personnel que professionnel
Pourquoi avoir choisi les États-Unis, et quel est votre quotidien aujourd’hui ?
Après mon passage aux Girondins de Bordeaux, marqué par deux ruptures des ligaments croisés, et mon court passage à Rodez, j’ai ressenti le besoin de changer d’air. Il était temps pour moi de relever de nouveaux défis, mais aussi de remettre mon esprit au clair. À ce moment-là, j’ai choisi de prioriser ma santé mentale tout en continuant à jouer au football et à poursuivre mes études.
Les États-Unis, c’est un monde à part. Cette expérience extraordinaire est quelque chose que je recommande à tout le monde. Là-bas, le sport et les athlètes occupent une place centrale : ils sont traités comme des rois. Cette aventure m’a beaucoup enrichie et m’a permis de grandir, de mûrir, et d’évoluer sur tous les points. Cependant, sur le plan sportif, je n’y ai pas trouvé mon bonheur. Le football féminin aux États-Unis est d’avantage basé sur le physique que sur l’intelligence de jeu, la technique, et la vision du jeu, des aspects que j’affectionne particulièrement.
Côté quotidien, la vie ici est vraiment agréable. Je n’ai que trois/quatre heures de cours par jour en moyenne, et j’ai la liberté de choisir mon emploi du temps selon mes préférences, ce qui est un vrai luxe. Le système scolaire américain est “amazing” : tout est pensé pour que les étudiants et les athlètes réussissent. Une journée type commence tôt : réveil à 5h50 pour un entraînement à 7h. Ensuite, direction les cours, généralement de 10h à 14h, avec des pauses pour manger. L’après-midi est dédiée à la musculation et à la récupération, avec des soins vers 15h
Avez-vous gardé contact avec vos anciens clubs et coéquipières du District ?
Depuis mon passage à Poey de Lescar, j’ai conservé de nombreux contacts, qu’il s’agisse des coachs qui m’ont encadrée ou des coéquipiers avec qui j’ai partagé le terrain. Chaque fois que je rentre en France, je prends le temps d’y retourner, cela me remémore de bons souvenirs.
En ce qui concerne les Girondins de Bordeaux, les liens restent tout aussi forts. J’ai gardé de bonnes relations avec des joueuses rencontrées là-bas. Le football, au-delà du terrain, offre une incroyable opportunité de rencontrer des personnes du monde entier et de se créer de fortes amitiés. C’est l’une des choses les plus belles de ce sport.
Pour le reste, je n’ai pas maintenu un contact aussi proche, mais à chaque fois que je croise d’anciens coachs ou coéquipiers, c’est comme si je n’étais jamais partie. Ils ne s’en rendent peut-être pas compte, mais chacun d’entre eux a contribué à ma progression en tant que joueuse. J’ai eu la chance de m’entraîner et de jouer avec des garçons et des équipes de très bon niveau. Pouvoir accomplir ce que certains jugeaient inaccessible en tant que fille a été une source constante d’énergie et de satisfaction.
(PS : Si je devais ajouter une dernière chose, ce serait de remercier ma famille : mes parents et mes frères. Sans eux, je ne serais pas la jeune femme forte, combative, pleine de rêves et de détermination que je suis aujourd’hui. Porter le nom Touzeau, c’était ma manière à moi de les remercier. Je ne trouverai jamais les mots pour exprimer à quel point ils représentent tout pour moi.)
Joueuse et femme au grand coeur, Axelle a contribué cette année à la réussite de notre opération TELETHON grâce à un maillot venu tout droit des US ! Une chose est sure, Axelle n’oublie pas d’ou elle vient, et on l’en remercie …